Nous détaillerons les différents chapitres suivants dans cet article – Cliquez pour un accès direct :
- Conditions optimales pour la mise-bas
- le déroulement de la mise bas normale chez la chienne
- Particularités de la mise bas chez la chatte
L’objectif de cet article est de vous donner des informations justifiées par les données scientifiques et statistiques, ainsi que la pratique de notre centre spécialisé en reproduction (CRECS), et celles rapportées par les éleveurs que nous suivons depuis plus de 20 ans.
Conditions optimales pour la mise bas
Les conditions de la pièce choisie pour la mise bas sont très importantes.
Remarque : une pièce dédié à la maternité est légalement obligatoire en cas d’activité d’élevage (vente d’au moins une portée par an, LOF/LOOF ou non). Voir règlementation – cliquez ici
Il est recommandé d’habituer la mère à ce nouvel espace dans les jours qui précèdent la mise bas (en moyenne une semaine). Il est recommandé de la shampouiner avant son entrée en maternité.
La maternité doit :
- d’être calme, apaisante et appréciée par la mère (non anxiogène)
- d’être à T°C de confort pour la mère dans la pièce (20-25°C) : elle doit pouvoir se dégager de la chaleurs du nid
Attention à l’hygrométrie selon votre méthode de chauffage et la nature des matériaux (idéalement 60-70% d’humidité), ainsi qu’à l’absence de courants d’air (risque de refroidissement et toux de chenil) - être propre et facilement nettoyée au quotidien
- de pouvoir s’isoler pour couver sa portée
- des congénères (en collectivité)
- du passage de personnes (si beaucoup de va-et-vient)
Remarque : la maternité est souvent la chambre des parents dans un domicile personnel ; ou à l’inverse l’éleveur dort parfois dans la maternité pendant les premiers jours pour surveiller constamment la portée, et particulièrement le comportement d’une femelle primipare dont on ne connait pas les qualités maternelles (pas systématique).
Le nid doit :
- offrir suffisamment d’espace à la chienne pour se mouvoir
- être chauffée sur une partie fortement pour les nouveau-nés (28 à 30°), sans courant d’air
- doit pouvoir être désinfecté quotidiennement
- linges changés plusieurs fois par jour parfois
- sol de la caisse de mise bas nettoyée et désinfectée tous les jours
- pour les chiennes de grande race (>20 Kg), être équipé de barres anti-écrasement dans une caisse de mise bas : pour limiter que la chienne écrase un chiot entre son corps et le cloisons
Le déroulement de la mise bas normale chez la chienne
Le rappel des différentes étapes du part et leurs durées moyennes habituelles sont un préalable indispensable à la reconnaissance d’une mise bas anormale (ou dystocique).
Les signes précurseurs d’une mise bas (ou prodromes) = Stade 1 de la mise bas
Tous les signes ne sont pas systématiquement présents. Les durées données sont des moyennes au-delà desquelles les complications sont beaucoup plus fréquentes (et en conséquence la mortalité fœtale).
Evaluation des pertes vulvaires
- Pertes glaireuses : en cours de gestation, il est souvent observé une augmentation de pertes mucoïdes (glaires plus ou moins blanchâtres, non odorantes) correspondant à une augmentation des sécrétions glandulaires vaginales. Ces pertes sont normales et ne permettent pas de prédire précisément le début du part.
- Bouchon muqueux : 12 à 24 heures avant le terme, le col utérin se dilate et le bouchon muqueux obstruant hermétiquement celui-ci se détache. Le propriétaire peut alors observer des pertes peu abondantes glaireuses, non odorantes, de couleurs vertes mais claires. Il est fréquent que la chienne absorbe celles-ci avant qu’elles soient observées.
Rq : la dilatation du col n’est pas observable en pratique chez la chienne, accessible que par video-vaginoscopie. - Liquides abondantes de la “poche des eaux” : il s’agit de la rupture d’un premier sac amniotique. Les pertes indiquent le déclenchement de la mise-bas dans les heures qui suivent (normalement < 6 – 12 heures)
- Utéroverdines vert kaki. Cela correspond au désengrenèrent d’un premier placenta. La mise bas à commencer et un chiot doit sortir idéalement dans les 2 heures. En général dans les minutes qui suivent leur apparition.
Présence de lait
Le lait peut apparaitre avant, pendant ou après le début de la mise bas chez une chienne. Une primipare (première gestation) à souvent une montée tardive. Ce paramètre est utile mais ne permet pas de prédire la date du part avec fiabilité.
Chute de la température
Utile mais attention aux erreurs d’interprétation par défaut ou par excès – cliquez pour plus de détails
Identification des premières contractions
Les contractions de l’utérus augmentent en intensité et en fréquence dans les jours qui précèdent la mise-bas pour arriver à leur paroxysme au moment du part et du passage pelvien des fœtus.
L’augmentation des contractions dans les jours qui précèdent la mise bas, souvent dans les dernières 12 heures (jusqu’à 24 h maximum),se traduit par :
- des phases d’halètement,
- d’agitation ou nervosité : s’isole ou au contraire recherche la présence du maitre
- de nidification : gratte au sol un “nid” imaginaire
Remarque : ce comportement en cours de gestation indique une anomalie à diagnostiquer en urgence (chute de progestérone, avortement, etc.).
Le comportement n’est pas systématiquement observé et de nombreuses chiennes le font juste avant le part.
Attention : les contractions abdominales signent le déclenchement du part, avec le passage d’un premier chiot à travers le col utérin.
La mise bas ou l’expulsion des chiots = Stade 2
C’est l’étape de l’expulsion des chiots, elle débute avec la dilatation maximale du col et se termine par l’expulsion des fœtus.
Les contractions abdominales accompagnant les expulsions sont évidentes. La chienne peut être en position couchée ou assise.
- Les chiots sont expulsés en moyenne toutes les 30 à 60 minutes.
L’intervalle peut s’allonger en cours de gestation sur les grosses portées.
On doit s’inquiéter si > 2 h en début de part, et 4 h en cours de part (après 5 chiots) ont doit s’inquiéter. - La mère rompt la poche entourant le nouveau-né et le cordon ombilical, si encore présents.
Elle lèche les chiots vigoureusement afin de les débarrasser des membranes et de stimuler leur respiration. A faire si la mère ne le fait pas immédiatement - La durée totale varie en fonction de la taille de la portée, souvent 3 à 6 heures, et jusqu’à 24 heures pour les très grosses portées. Au-delà, une atonie utérine partielle ou totale est probable.
Expulsion des placentas (= stade 3)
Cette étape est normalement mêlée à la deuxième !
La durée varie également en fonction de la taille de la portée.
La femelle en général alterne expulsion de chiots et de placentas
- 1 chiot puis 1 placenta en alternances ou
- 2 chiots, puis 2 placentas – possible car les fœtus sortent en alternance d’une corne à l’autre.
Si on la laisse faire, la femelle ingère les placentas immédiatement. Il n’est pas recommandé de la laisser ingérer tous les placentas. Une diarrhée secondaire est fréquente.
Il faut compter les placentas pour s’assurer de l’absence de rétention placentaire, favorisant les métrites post-partum.
Remarques importantes :
- les éleveurs utilisent souvent de l’ocytocine après le part, pour favoriser la vidange des lochies. Il n’est pas nécessaire d’en administrer si :
- la chienne est rapidement tétée, ils libèrent une quantité importante d’ocytocine endogène.
- si tous les placentas ont été expulsés
Rq : Il existe des préparations médicamenteuses nettement moins “nocives” favorisant en pratique une bonne vidange utérine des lochies dans les jours suivant le part : Caulophyllum 30 CH, Wombyl®, etc.
- Les lochies sont les pertes vaginales normales du post-partum. Leur couleur varie de rouge brique à vert noirâtre, elles n’ont pas d’odeur, et peuvent persister jusqu’à 3 semaines.
- La chienne doit être examinée au moins deux fois par jour: prise alimentaire, température rectale en cas d’apathie ou anorexie, aspect des pertes vulvaires, palpation des deux chaines mammaires.
Les pathologies du post-partum sont nombreuses : mammites, métrites, sub-involutions des zones d’insertion placentaire (SIPS), et éclampsie.
Particularités de la mise bas chez la chatte
L’essentiel des éléments détaillés chez la chienne sont identique chez la chatte. Néanmoins, des particularités sont à connaitre pour ne pas commettre d’écueil.
- La zone de mise bas (son futur nid) doit être accepté par la chatte.
Si vous observez que celle-ci cherche à tout prix à en sortir pour se réfugier dans un autre lieu, ne cherchez pas à lui imposer !
Adaptez-vous, et installer le nid dans le lieu de son choix même si il ne respecte pas l’idéal des conditions citées précédemment. Sinon elle cherchera à les déplacer, et en cas de stress territorial trop important, elle tuera ses chatons (cannibalisme)
- Une pause en cours de mise-bas (phase 2) est fréquente :
- une douleur, un stress (déplacement de la chatte, rupture de sa tranquillité, fatigue, etc.) entraine une interruption provisoire de la mise bas. Il s’agit d’une adaptation physiologique des félins au milieu hostile (ils sont parfois des proies en milieu extérieur)
- aucune souffrance foetale n’en découlera, et la mise bas reprendra normalement quelques heures après. En général moins de 12H (acceptable jusqu’à 24H).
un traitement médical (atonie utérine) ou une césarienne ne sont pas justifiées en l’absence d’anomalie (malposition ou mortalité fœtale, souffrance fœtale).
- L’utéroverdine (lors du décrochement placentaire) n’a pas la même couleur que chez la chienne. Il est rouge sombre chez la chatte.
Rq : des pertes de sang en cours de gestation ne sont jamais normales chez la chatte. Souvent la traduction d’une mortalité foetale ou d’un avortement total.
Nous vous illustrons en images le déroulement d’une mise bas chez la chatte :