Quelques chiffres importants :
- 17% des tumeurs de la chatte, 76% des tumeurs génitales de la chatte.
- Atteint surtout les chattes âgées (10-12 ans) sauf Siamois (+ jeune)
- Principalement des carcinomes hormono-indépendants (80 à 90 %) de type simple (implication d’un seul composant néoplasique : la lumière épithéliale)
- 85% des tumeurs sont malignes et ont déjà métastasées le jour du diagnostic : 50 % à 90 %
- le plus souvent les ganglions lymphatiques régionaux (83 %), les poumons (83 %), le foie (25 %) et la plèvre (22 %)
Remarque :
Lors de la première visite, il faut distinguer une tumeur mammaire d’une fibroadénomatose (mastose).
La gestion et le pronostic sont totalement différents : voir l’article fibroadénomatose mammaire
Etio-pathogénie
- Rôle clé des hormones sexuelles :
- 7 X moins de risque si la chatte est stérilisée avant 6 mois (Dorn et al, 1968).
- Induction de carcinomes par des injections répétées et fortement dosées de progestagènes (Hernandez FJ, Feline Pract, 1975 / Brodey RS, Adv Vet Sci Compp Med, 1970).
- Catalyseur viral(FelV, …) ?
Les différentes tumeurs
Malin = Cancer
- Adénocarcinome : 75.8%
- Carcinome divers : 9.7%
- Carcinosarcome : 1.7%
- Sarcome : 0.8%
Bénin
- Adénome, Fibroadénome, Papillome : 11.8%
Pronostic
Une étude récente a analysé l’ensemble des études (>200) réalisées chez la chatte, afin d’évaluer si elles peuvent être considérées comme statistiquement significatives et donc utilisées par le vétérinaire pour formuler un taux de survie moyen au propriétaire
En général
- Des masses sont présentent sur plusieurs mamelles dans plus de 50% cas
- Souvent les deux chaînes sont atteintes lors du diagnostic
- Aspect clique de la malignité de la tumeur :
- adhérence au plan profond et superficiel
- ulcération
- hétérogénéité
- Vitesse de croissance
Classification clinique TNM et taux de survie moyen de la chatte
- Taille = Critère pronostic primordial
- T1 [stade I] < 2 cm < T2 [stade II] < 3 cm < T3 [stade III]
- Nœud lymphatique : stade III en cas de présence (NI)
- Métastases :
- présentent dans 50 à 90% des cas lors du diagnostic : stade IV
- Sur 120 chats autopsiés : 80% poumons, 82% NL, 42% plèvres, 23% foie (Weijer NL, 1972)
Remarque
La présence d’un NL de taille augmentée ne rime pas obligatoirement avec un envahissement tumoral.
Il peut aussi s’agir d’une réaction inflammatoire (de meilleur pronostic)
Cette classification TNM permet de créer des stades associés à des taux de survie :
Examens complémentaires pré-opératoires
Echographie
Les tumeurs bénignes sont le plus souvent homogènes et bien circonscrites.
À l’inverse les tumeurs malignes sont le plus souvent hétérogènes et mal délimitées.
Gonzales, Vet Rec, 1998 ;Marquardt, Tierärztl. Prax, 2003
Radiographie thoracique et autres moyens d’imagerie.
- Radiographies pulmonaires (profils droit et gauche) : très faible sensibilité diagnostique !
Seuil de détection de 8 mm
Sensibilité < 30% - Le scanner sont des examens de choix pour effectuer un bilan d’extension chez les carnivores domestiques (seuil de détection < 2 mm).
Le coût et la disponibilité limitent leur usage en pratique. - D’autres examens peuvent être recommandés selon le statut clinique : syndrom de Cadiot-Ball et radiographie des membres, carcinome et troubles de la coagulation (risque de C.I.V.D.), etc.
Remarque : il convient de garder à l’esprit qu’entre réaliser un bilan d’extension très complet et couteux (en l’absence de NL palpables et de métastases radiographiques), il est parfois judicieux de traiter la chatte pour son confort.
Ponction à l’aiguille fine et analyse cytologique
La cytologie est diagnostique dans 66.7% des cas.
Elle est surtout utile pour exclure la présence d’une tumeur mammaire en cas de doute.
Casalli, Cytopath, 2007
Le pronostic final se base sur des critères histologiques et immunohistochimiques (grading) réalisés sur la tumeur retirée (ses marges, et les ganglions éventuels). Ce grading a surtout l’intérêt de savoir si une thérapie adjuvante est justifiée et/ou utile pour augmenter : l’espérance de vie, le réduire le risque de récidive et métastases de la chatte.
Voir pronostic et limites des critères en fonction des analyses histologiques, etc.
Traitement
Le traitement repose essentiellement sur l’exérèse chirurgicale dans l’espèce féline
L’exérèse de la chaîne mammaire avec les NL loco-régionaux (réseau lymphatique mammaire – cliquez) :
- Réduit risque de récidive locale par rapport à éxérèse partielle du tissu mammaire
- mais n’augmente pas le taux de survie en cas de tumeur cancéreuse. Weijer K, J Natl Cancer Inst, 1983.
L’exérèse des deux chaines mammaires en un temps semble très délabrant et donc peut-être excessif.
Une chimiothérapie adjuvante (Adriamycine, AINS, etc.), à l’instar de la chienne, peut être proposée mais elle ne semble augmenter le taux de survie uniquement de quelques mois dans les cas les plus agressifs. Novosad, JAAHA, 2006 .
Certains traitements dénués d’effets indésirables à faible dose, comme la mélatonine, sont en cours d’évaluation.
La mise en oeuvre doit être raisonnée en fonction du grading, de l’état clinique (biochimique, etc.) de la chatte, de son acceptation du soin (cathéter, hospitalisation, etc.), et du propriétaire.